Goeckerman : un suivi (étude) de 13 200 personnes (2009)

 

« Aucun risque accru de cancer chez les patients atteints de psoriasis ou d’eczéma, après traitement au goudron de houille »

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Cette vaste étude, nommée « Etude LATER », d’une durée médiane de 21 ans, a vu ses résultats publiés en 2009. Elle a porté sur 13 200 patients atteints de psoriasis ou d’eczéma. Elle a eu lieu au Centre médical de l’Université Radboud de Nijmegen (Pays-Bas).
Elle visait à déterminer les risques associés à l’utilisation du goudron de houille en Dermatologie, notamment dans le développement de cancers de la peau. Les patients traités au goudron de houille ont été comparés à une catégorie de référence, composée de patients traités par dermato-corticostéroïdes (supposés ne pas présenter de risque accru de cancer).

Les informations qui ont nourri cette étude ont été extraites des dossiers médicaux des patients, de registres médicaux, ainsi que de questionnaires patients (1 100 questionnaires retournés).

1/3 de la cohorte était composé de patients atteints de psoriasis, tandis que 2/3 souffraient d’eczéma. Plus de 60 % des patients atteints de psoriasis étaient touchés par une forme sévère de psoriasis (couvrant plus de 10 % de la surface corporelle). Moins de 50 % des patients souffrant d’eczéma présentaient une forme sévère.

Sur la totalité de la cohorte, 61 % des patients avaient été traités au goudron de houille : approximativement 60 % avec le Liquor carbonis detergens et 40 % avec le Pix lithantracis. L’utilisation du Pix lithantracis était limitée aux hôpitaux ou services de jour, en raison de la coloration qu’il provoque ainsi que de sa forte odeur. Celle du Liquor carbonis detergens était plus volontiers destinée aux soins à la maison, par conséquent la plupart des patients ont utilisé celui-ci durant une plus longue période.

De nombreux autres traitements ont également été appliqués à ces patients, notamment des thérapies systémiques (25 %) et de la photo chimiothérapie (46 %) aux patients atteints de psoriasis. Cependant, des informations valables sur la durée de la thérapie au goudron de houille n’ont pu être obtenues qu’auprès de 1 100 patients seulement.

L’étude a défini de nombreux critères de classement et d’évaluation : âge, sexe, type et densité de la maladie, zones touchées, type de peau, consommation d’alcool ou de tabac, autres thérapies administrées, autres médicaments reçus, entre autres.

Au cours du suivi, 1 327 tumeurs ont été diagnostiquées. Cependant, aucun risque accru de cancer de la peau ou de cancer non cutané, n’a été observé après traitement au goudron de houille, comparativement au traitement par dermato-corticostéroïdes. En particulier, aucune catégorie des 2 produits (Liquor carbonis detergens et Pix lithantracis) n’a affiché de risque accru de cancer non cutané.

La conclusion majeure de cette étude est que, dans l’ensemble, l’utilisation de pommades à base de goudron de houille n’est pas associée à un risque accru de cancer, et qu’il n’y a aucune raison d’être préoccupé par sa sécurité. D’autres études qui ont analysé le risque de cancer de la peau après un traitement au goudron de houille, n’ont pas davantage révélé de risque accru de cancer de la peau (type non-mélanome) (Maughan et coll., 1980 ; Pitkerkow et coll., 1981 ; Larko et Swanbeck, 1982 ; Jones et coll., 1985 ; Hannuksela-Svahn et coll., 2000).

Il est donc sans fondement de considérer le goudron de houille comme obsolète, et ce produit peut être donc maintenu comme traitement sûr en pratique dermatologique.

Judith H.J. Roelofzen1, 2, Katja K.H. Aben1,3, Ursula T.H. Oldenhof1, Pieter-Jan Coenraads4, Hans A. Alkemade5, Peter C.M. van de Kerkhof2, Pieter G.M. van der Valk2 and Lambertus A.L.M. Kiemeney1,3,6.

Le texte intégral correspondant à cette étude est disponible sur demande.(via notre lien « contact »)